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Camp du Vernet

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Camp d'internement du Vernet
Camp de vernet.jpg
Le camp du Vernet vu du ciel, en 1942.
Présentation
Type Camp d'internement français
Gestion
Utilisation originelle Camp d'internement des républicains espagnols en fuite
Date de création 1939
Date de fermeture 1944
Victimes
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Occitanie
Localité Le Vernet (Ariège)
Coordonnées 43° 11′ 42″ nord, 1° 36′ 28″ est
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Camp d'internement du Vernet

Protection Logo monument historique Inscrit MH (2019)

Le camp du Vernet est un camp d'internement français situé dans la commune du Vernet en Ariège, sur le bord de la route Nationale 20, au nord de Pamiers. Il a été créé en 1939, initialement pour interner les républicains espagnols en fuite à la suite de leur défaite au cours de la guerre civile. Il a été fermé en 1944.

Un camp d'internement pour les étrangers

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Reconstitution du camp en maquette.

Le camp du Vernet sert à regrouper les 12 000 combattants espagnols et d'autres étrangers de la Division Durruti dès 1939, après la défaite de la République espagnole. Puis, à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, les étrangers dits « indésirables », dont des membres du Parti communiste d'Allemagne (KPD) et du Parti communiste d'Autriche (KPÖ)[1], des anarchistes et des intellectuels antifascistes.

Les membres des Brigades internationales sont internés au Vernet dans des conditions terribles décrites par l’écrivain Arthur Koestler, lui-même interné au Vernet d' à (La Lie de la terre[2]).

Camp d'internement pour les Juifs

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À partir de 1942, il sert aussi de camp de transit pour les Juifs arrêtés dans la région par l'administration de Vichy dans un premier temps puis, par les Allemands à compter de novembre 1942, après qu'ils ont envahi la zone libre.

Évacuation du camp fin juin 1944

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Le , le landesschutzen bataillon no 726 de la Wehrmacht prend le commandement du camp[3]. Le 30, les 398 internés encore présents sont évacués par bus et camions et internés à Toulouse[3]. Ils sont déportés quelques jours plus tard vers camp de Dachau[3] depuis la gare de Raynal par le « train fantôme » (ce train porte ce nom car il mettra près de 2 mois à atteindre Dachau).

Au total environ 40 000 personnes de 54 nationalités ont été internées dans ce camp, principalement des hommes, mais aussi des femmes et des enfants.

Lieux de mémoire

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Les bâtiments du camp n'existent plus, à l'exception de deux piliers de la porte d'entrée, d'un château d'eau et des maisons des gardiens (barraquements) situés de l'autre côté de la route. L'ancienne gare du camp se trouve au bord de la route nationale 20 au nord de Pamiers[4] et on peut y voir un ancien wagon de train, identique à ceux qui ont transporté les internés aux camps d'extermination[4]. À l'intérieur, une plaque identifie une quarantaine d'enfants juifs, âgés de 2 à 17 ans, qui ont été déportés du Vernet à Auschwitz le [4].

Cimetière mémorial.

Au village du Vernet, un musée est consacré au camp[5].

Dans le cimetière du camp, situé sur la commune de Saverdun, se trouvent des tombes d'internés décédés dans le camp, ainsi que différentes stèles rendant hommage aux internés et qui illustrent la coexistence de différentes mémoires, en particulier celle des internés par mesure de répression (stèle aux antifascistes et stèle aux « Résistants européens ») et celle des internés par mesure de persécution (stèle de l'Union des étudiants juifs de France et plaques de déportés)[6]. Un espace de mémoire comportant les panneaux de toutes les nationalités a été aménagé devant l'entrée du cimetière.

Les vestiges du camp et le cimetière sont protégés au titre des monuments historiques par décret du [7].

Par ailleurs, l'Amicale des Anciens internés politiques et résistants du camp de concentration du Vernet d'Ariège a œuvré pour la création du Musée du camp du Vernet et effectue des recherches historiques, organise des conférences et des expositions[8][source insuffisante].

Camp de concentration ou camp d'internement ?

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Il existe un débat historiographique sur l'utilisation de l'expression « camp de concentration », que la majorité des historiens français de la Shoah voudraient voir limitée aux camps allemands. Par exemple Annette Wieviorka, dans un article de la revue Vingtième Siècle de 1997, écrit : « La même expression, « camp de concentration », a été utilisé au cours du siècle, notamment dans le vocabulaire administratif, pour désigner des camps fort différents les uns des autres. Intituler en 1995 un livre, Les Camps de concentration français de la Première Guerre mondiale, pose un problème. Les camps nazis sont si présents dans nos esprits qu'un lecteur pressé peut penser qu'il y eut en France pendant la Grande guerre, un système concentrationnaire. Car le camp nazi est devenu, à juste titre, la référence du mal absolu à l'aune duquel se mesure chaque situation d’internement[9]. »

L'Amicale du Vernet a pris nettement position dans l'autre sens, considérant qu'un grand nombre de documents d'archives utilisent l'expression « camp de concentration » pour le camp du Vernet.

Personnalités ayant été internées au camp

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Plaque commémorative.

Parmi les personnalités ayant été internés dans le camp du Vernet, on peut citer :

Notes et références

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  1. Cécile Denis, Continuités et divergences dans la presse clandestine de résistants allemands et autrichiens en France pendant la Seconde Guerre mondiale : KPD, KPÖ, Revolutionäre Kommunisten et trotskystes, (thèse de doctorat réalisée sous la direction d’Hélène Camarade, soutenue publiquement le 10 décembre 2018 à l’université Bordeaux-Montaigne) (lire en ligne)
  2. Site telerama.fr, « On peut aujourd'hui grimper dans le wagon. Entendre les portes crisser. Étouffer de chaleur par une matinée d'été », dans Au camp du Vernet, où l'État français internait « la lie de la terre », article publié le lire (consulté le 13 novembre 2011).
  3. a b et c « 403 personnes déportées par le "Train Fantôme" », sur www.campduvernet.eu (consulté le ).
  4. a b et c Site cheminsdememoire.gouv.fr, Camp d'Internement du Vernet-d'Ariège (09) [1] (consulté le 13 novembre 2011).
  5. Site cheminsdememoire.gouv.fr, Musée du souvenir du Camp de Vernet Mairie (09) lire (consulté le 13 novembre 2011).
  6. « Cimetière de l'ancien camp d'internement de la guerre 1939-1945 », (consulté le )
  7. Notice no PA09000036, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  8. « Du 1er décembre 1944 à aujourd'hui », sur campduvernet.eu (consulté le ).
  9. Annette Wieviorka, « L'expression "camp de concentration" au XXe siècle », Vingtième Siècle, nos 54-1,‎ , p. 4-12 (lire en ligne)
  10. Les épouvantables conditions de survie dans le camp ont été décrites par Max Aub dans Manuscrito cuervo. Historia de Jacobo (1999), J. A. Pérez Bowie (éd.). Segorbe: Fundación Max Aub-Universidad de Alcalá de Henares (références venant de l'article de WP es "Max Aub" , § "Relatos") . Sur l'internement ultérieur de Aub dans le Sud algérien, voir Norbert Bel-Ange, Quand Vichy internait ses soldats juifs d'Algérie : Bedeau, sud Oranais, 1941-1943, L'Harmattan, 2005, p. 100.

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Bibliographie

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  • Delpla, Claude, "Le camp du Vernet d'Ariège 1939-1945", dans Monique-Lise Cohen (dir.), Eric Malo (dir.), Gret Arnoldsen et al., Les camps du sud-ouest de la France (1939-1944, Toulouse, Editions Privat, , 240 p. (ISBN 978-2-708-95375-8, OCLC 187457021).
  • Maëlle Maugendre, De l'exode à l'exil l'internement des républicains espagnols au camp du Vernet d'Ariège, de février à septembre 1939, Paris Ivry-sur-Seine, Sudel UNSA éducationc, , 173 p. (ISBN 978-2-716-20273-2, OCLC 804854368).
  • Portier Pierre , Le Camp du Vernet d’Ariège ou les racines du désespoir ; la vie du camp de sa création en 1917 à sa disparition en 1947, Les Éditions du Champ de Mars, Saverdun, 1987.
  • Solenn Sugier, Il y a 80 ans, la Retirada - Une enfance dans les camps français, Libération, , [lire en ligne].

Articles connexes

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Liens externes

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