Salle Huyghens
Type | Salle de concerts et d'exposition |
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Lieu | 6, rue Huyghens (Paris) |
Inauguration |
La salle Huyghens est le nom donné à l'atelier à Paris situé 6, rue Huyghens du peintre Émile Lejeune et qui devient, entre 1916 et 1919, un lieu de performances artistiques d'avant-garde, au cœur de la bohème du quartier du Montparnasse.
Histoire
[modifier | modifier le code]Au début de la Première Guerre mondiale, alors que les soirées-concerts sont interdites au-delà d'une certaine heure du fait du couvre-feu et que beaucoup d'artistes français sont mobilisés, Lejeune, qui avait transformé d'anciennes écuries en un atelier, le met à la disposition de ses amis musiciens, poètes et peintres pour en faire une salle de spectacle et d'exposition[1],[2],[3].
Les performances, appelées « Lyre et Palette », du nom d'un collectif nommé « Société Lyre et Palette » créé en janvier 1916[4],[5], sont entre autres financées par Blaise Cendrars, Pierre Bertin, et Félix Delgrange (d). Elles accueillent un public bigarré, à la fois très chic et très bohème, à l'image du quartier du Montparnasse alors à son apogée[6],[7].
Delgrange avait abandonné le violoncelle pour se consacrer entièrement à la cause de l'art naissant. Il organisait des concerts dans son petit atelier de Montparnasse, la Salle Huyghens. Les bancs sans dossiers étaient inconfortables, l'atmosphère était irrespirable à cause de la fumée du poêle, mais toute la bonne société de Paris, autant les artistes que les amateurs de nouvelle musique, jouait des coudes pour y être[8].
La salle est notamment investie par Erik Satie et les musiciens du futur groupe des Six : Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc et Germaine Tailleferre.
Elle donne aussi l'occasion à de jeunes peintres d'exposer leurs œuvres : Pablo Picasso, Juan Gris, Georges Braque, André Lhote, Amadeo Modigliani, mais aussi Manuel Ortiz de Zárate, Moïse Kisling, René Durey, Conrad Moricand, Henry de Waroquier[9],[10].
Les soirées comprennent également des déclamations de jeunes poètes, tels Jean Cocteau, Blaise Cendrars et Pierre Reverdy, sous le regard bienveillant du soldat Guillaume Apollinaire, quand il est en permission[4],[5].
En janvier 1918, l'association est rebaptisée « Palette et musique »[réf. nécessaire], et les performances, essentiellement des concerts de la « Société des Nouveaux Jeunes » (avec Satie, Cocteau et le « groupe des Six »), prennent fin au début de l'année 1919.
Soirées[6]
[modifier | modifier le code]- 1916 :
- 29 janvier : 1er samedi de Lyre et Palette, concert inaugural, Louis Vuillemin au piano, Lucy Vuillemin, soprano, interprètent César Franck[11].
- 8 avril : Concert hommage à Claude Debussy, au piano, Ricardo Viñes, l'affiche est conçue par Pablo Picasso.
- 18 avril : Concert-rencontre entre Maurice Ravel et Erik Satie ; l'affichette-programme est illustrée par un bois de Henri Hayden, au profit de « L’Appui aux artistes », mobilisés.
- 8 juin : Concert-hommage au compositeur suédois Melcher Melchers (1882-1961), et auquel participe Germaine Tailleferre ; le programme est illustré par un dessin de Henri Matisse.
- 19 novembre : 1re exposition de peintures avec Moïse KisIing, Ortiz de Zarate, Modigliani, Picasso, Matisse et les sculptures nègres du collectionneur Paul Guillaume. Concert d'ouverture d'Erik Satie, au piano.
- 28 novembre : Soirée de lecture, 6 poètes lisent des poèmes d'une enfant de cinq ans, Françoise Durand Viel, nièce de Cocteau. Les lecteurs sont Apollinaire, Cendrars, Max Jacob, Reverdy, André Salmon et Cocteau.
- 3 décembre : Paul Dermée prononce une conférence, « Max Jacob et son œuvre » accompagnée de Sylvette Fillacier, lectrice.
- 16 décembre : Concert festival Maurice Ravel avec Ricardo Viñes au piano et Yvonne Astruc au violon, programme illustré par Diego Rivera.
- 1917 :
- 28 janvier : vernissage de la 2e exposition de peintures, avec 37 œuvres de Maurice de Vlaminck, Othon Friesz, Henry Hayden, Marewna, Olga Sacharoff, Gino Severini et André Lhote.
- 6 juin : 5e concert centré sur Parade, avec Erik Satie, Georges Auric, Louis Durey et Arthur Honegger, présenté par Cocteau, programme illustré par Picasso.
- 13 juin : vernissage de l'exposition : œuvres de René Durey, Kisling, Lejeune, Morgan Russell, Zadkine[12].
- 22 novembre : vernissage de l'exposition d'œuvres de Durey, Gabriel Fournier, Kisling, Lejeune, Moricand, Waroquier[13].
- 1918 :
- Quelques concerts organisés par Satie et Cocteau avec la « Société des Nouveaux Jeunes » (Auric, L. Durey, Honnegger, Roland-Manuel, Tailleferre)[14],[15].
- 1919 :
- 5 avril : concert du futur groupe des Six[10].
Références
[modifier | modifier le code]- Carl B. Schmidt. Entrancing Muse: A Documented Biography of Francis Poulenc. p. 455
- Elsa-Line Huwyler, « Quand la musique et la peinture se croisent, aux détours de la Salle Huyghens à Paris », sur Musiq3, (consulté le )
- Bénédicte Renié, « Le soutien des artistes à la création contemporaine durant la Grande Guerre : les soirées de la salle Huyghens (1916-1917) », Actes de la Journée d‟études "Actualité de la recherche en XIXème siècle", 2013-2014 (lire en ligne)
- Claude Leroy, « Lyre & Palette 1916-1919 », Feuille de routes, no 53, , p. 173–175 (ISSN 1012-053X, lire en ligne, consulté le )
- Frank Claustrat, « La modernité de Lyre & Palette revit à la librairie Sur le Fil de Paris », sur Connaissance des Arts, (consulté le )
- « Le Tout-Paris des Arts à Montparnasse (1916-1919) », sur surlefildeparis.fr,
- Gérard H. Goutierre, « Les rendez-vous de la rue Huyghens | Les Soirées de Paris », (consulté le )
- Darius Milhaud, Notes sans musiques, Paris, Julliard, , p. 96
- Jean-Paul Crespelle, Montparnasse vivant, Hachette, 1962, pp. 134-135.
- Jean Cocteau, « Carte blanche », in: Le Siècle, 15 avril 1919, p. 3 — sur Retronews.
- « Échos : Le concert continue », in: La France, Paris, 3 février 1916, p. 1 — sur Retronews.
- Le Siècle, 14 juin 1917, p. 3 — sur Retronews.
- L'Éveil, 23 novembre 1917, p. 2 — sur Retronews.
- La République française, 14 février 1918, p. 2 — sur Retronews.
- Le Ménestrel, 33, 14 août 1925, p. 3 — sur Retronews.