Nous mettons en avant des "facteurs de risque" versus "facteurs de protection".
Une approche classique en santé mentale consiste à tenter de cibler des groupes spécifiques présentant un risque accru de passage à l’acte suicidaire.
Cette approche présente l’avantage de faciliter les approches possibles par rapport au groupe ciblé. Elle peut, ceci dit, présenter aussi des écueils et réduire un individu à un comportement général.
De plus, certaines caractéristiques de ces groupes à risque sont irréductibles. Aucune campagne de prévention ne changera le fait d'être jeune ou âgé. Cette approche peut aussi présenter la problématique comme relevant d’un schéma de cause à effet, alors que la pratique nous démontre bien qu’en matière de suicide, la réalité est complexe.
Il ne suffit pas d'appartenir à un groupe à risque pour présenter au niveau individuel des risques accrus de passage à l'acte suicidaire.
Nous pensons donc qu’il est plus pertinent de parler de "facteurs de risque" versus "facteurs de protection".
Issus de l'observation clinique et de corrélations statistiques, ces facteurs sont des éléments qui ont visiblement un lien avec le suicide, en ce qu'ils peuvent ainsi favoriser ou tout au moins contribuer à un passage à l'acte suicidaire, sans toutefois pouvoir à eux seuls expliquer la survenance d'un tel acte ou le prévenir.
Le suicide, en effet, reste multifactoriel.
Facteurs de risque
Facteurs de risque psychosociaux
- Troubles mentaux
- Alcool et autres troubles d'abus de substances
- Tendances impulsives et/ou agressives
- Histoire de trauma ou abus
- Certaines maladies physiques majeures
- Tentative de suicide antérieure
- ...
Facteurs de risque environnementaux
- Perte de travail ou perte financière
- Perte relationnelle ou sociale
- Accès facile à des moyens mortels
- Histoire familiale de suicide
- ...
Facteurs de risque socioculturels
- Manque de soutien social et sentiment d'isolement
- Barrières pour accéder aux soins de santé
- Exposition à d'autres suicides dans l'entourage
- ...
Facteurs de protection
Facteurs de protection psychosociaux
- Liens étroits avec la famille et soutien de la communauté
- Capacités pour résoudre des problèmes et des conflits, et de gérer des disputes de façon non-violente
Facteurs de protection environnementaux
- Accès réduit aux moyens létaux
- Travail et situation financière stables
Facteurs de protection socioculturels
- Soins cliniques efficaces pour les troubles mentaux, physiques et d'abus de substances
- Accès facile à toute une gamme d'interventions cliniques
- Soutien dans la recherche d'aide
- Soutien par des relations continues de soins médicaux et de santé mentale
- Des convictions culturelles et religieuses qui découragent le suicide et stimulent la conservation de soi.
- ...
Par ailleurs, ces différents facteurs n'ont en aucun cas une quelconque valeur prédictive.
Le suicide ne répond malheureusement pas à un schéma de cause à effet où la présence de tel ou tel facteur conduit immanquablement à un risque de passage à l'acte x fois plus élevé.
De même, la présence de facteurs de protection n'est jamais une garantie de non-suicide.
Un programme de prévention devrait ainsi tendre à réduire les facteurs de risque et augmenter les facteurs de protection et ce, dans la population en général.